
La caractéristique de ce site est de concerner non seulement la famille directe des auteurs mais tous ceux qui portent le patronyme DARMON (et quelques familles apparentées).On peut s’interroger sur la pertinence et l’intérêt de créer un tel site. Que veut dire la famille DARMON? Le seul fait de porter le même nom n’est pas un motif suffisant pour justifier une communauté d’intérêt : nous savons tous qu’il y a autour de nous des DARMON auxquels ne nous unissent aucuns liens familiaux. Pourquoi donc aller au-delà d’une recherche généalogique classique qui n’aurait concerné que nos ascendants directs?
1) Il est vrai qu’un même nom de famille ne reflète pas nécessairement une communauté d’histoire : les noms qui correspondent à une caractéristique physique (Leblond, Legrand…), un métier (Leclerc, Charron…), un lieu indéfini (Dubois, Delamare…) s’appliquent à des familles qui n’ont absolument aucun lien entre elles.
Il se trouve que, selon toute probabilité, le nom de DARMON correspond à une seule tribu berbère qui nomadisait, il y a 2500 ans aux confins du Sahara. De façon également probable, mais moins certaine, il existe un Djebel DHARMON (ou JARMON) qui fut, à un certain moment de notre histoire, le centre géographique de cette tribu.
Les membres de cette tribu ont vécu de façon assez solidaire les grands épisodes de l’histoire de l’Algérie : Carthage, Rome, les Vandales, Byzance, la conquête arabe, l’aventure légendaire de la Kahéna, la domination ottomane.
2) Il est probablement vrai cependant que, dès le XV° siècle, des familles DARMON vivaient dans des lieux très différents, sans rapport les unes avec les autres, et dans l’ignorance de leur passé commun. On trouve des DARMON dans tout le Mahgreb, en Espagne, en France, en Angleterre, en Italie…
Mais, au sein de chaque groupe régional, jusqu’au début du XIX° siècle au moins, les DARMON appartenaient à une même communauté : les DARMON d’Oran, comme ceux de Médéa ou ceux de Tunis, vivaient ensemble (convivium) et se mariaient entre eux (connubium), ce qui constitue la définition fondamentale d’une communauté humaine.
Cette communauté s’est effacée peu à peu. Dans les grandes villes : Oran, Alger, Tunis…,dès le début du XIX° siècle, des familles DARMON se côtoyaient sans se connaître. Récemment, le mouvement s’est encore amplifié. Aujourd’hui, il n’y a plus que des liens historiques entre des DARMON de professions, de mœurs, (de religion), de milieux sociaux très différents.
3) Mais ceci n’est-il pas la limite de toute recherche généalogique : à remonter très haut, on rencontre des êtres qui portent le même nom mais qui ne sont plus que des étrangers parmi d’autres.
Pour moi, cette recherche a atteint son objectif. J’en sais assez pour comprendre qui étaient ces DARMON dont je suis issu. J’en sais assez également pour savoir que je suis différent de ce qu’ils étaient. Si l’héritage génétique est probablement toujours présent, en revanche l’héritage culturel s’est effacé.
A vrai dire, dans cet héritage culturel, il faut distinguer trois périodes :
Dans les temps historiques les plus anciens, ces DARMON étaient des berbères, nomades numides, parfois sédentarisés, qui avaient à peine connu la civilisation grecque, la conquête romaine et même les invasions barbares. Ils vivaient aux confins sahariens de l’Algérie et de la Libye.
L’arrivée des Arabes au VII° siècle change leur condition : de tribu nomade indépendante, ils passent dorénavant au statut de « Dhimmi » : race inférieure (et en partie protégée), les DARMON, comme les autres juifs algériens, ont vécu dix siècles sous des maîtres musulmans, arabes ou turcs. Certains ont atteint des sommets dans la hiérarchie sociale : Mordekhaï DARMON était le conseiller du Dey d’Alger et son envoyé spécial à Constantinople. Néhoraï DARMON, grand rabbin de Tunis, était le conseiller privilégié du Dey. Mais la quasi-totalité de la famille était composée de colporteurs, d’artisans, de petits commerçants.
L’arrivée des Français ouvre une ère nouvelle pour ceux qui vivent en Algérie et qui constituent encore la très grande majorité de la famille. Très vite, les DARMON, comme d’ailleurs la quasi-totalité des juifs d’Algérie, se sont ralliés au nouveau conquérant. C’était d’abord la force du vainqueur ; très vite, c’est devenu le choix conscient et systématique des conquis : les juifs s’efforcent de prendre les mœurs des Français et leurs règles de vie. Le Décret Crémieux leur offre, en 1870, la nationalité française : ils s’y précipitent. A l’orée du XX° siècle, les DARMON se veulent citoyens français dans leur vie, leurs costumes, leur langue, leur éducation. Le basculement est rapide ; il est résolument souhaité.
Et lorsque intervient, en 1962, la séparation géographique, la très grande majorité des DARMON, comme les autres Français d’Algérie, arrivent en France et les traces de l’héritage ancien commencent de s’estomper.
Pour les générations qui nous suivent, les 20 siècles précédents appartiennent à l’histoire : leur héritage culturel a changé.
3) C’est pour ces générations que nous avons entrepris ce travail de mémoire. : il fallait en savoir assez pour reconstituer les étapes historiques de notre famille. Mais aujourd’hui, cet héritage n’est plus vécu au quotidien ; il a même parfois quitté la mémoire des parents. Pour les DARMON qui vivent en France, la Kahéna, Tarik, Hussein Dey ou le général Bugeaud sont moins présents qu’Henri IV, Napoléon, Staline ou Mère Térésa !
La recherche généalogique est importante pour les racines qu’elle dévoile. Mais ces racines historiques se mélangent dorénavant à des sources de signification bien différentes et qui sont, pour les hommes d’aujourd’hui, au moins aussi importantes.
4) Il reste que cette saga des berbères judaïsés « qui nomadisaient il y a 2500 ans » et dont nous sommes les derniers (et ingrats) descendants n’est pas moins passionnante, ni moins riche d’enseignements que ces aventures qui ont rempli nos livres d’histoire et qui aujourd’hui font les romans, les films, les séries TV à succès : les Gaulois de Vercingétorix, les Francs de Clovis, les Rois Maudits, ou plus loin de nous les indiens et les cow-boys !
5) Enfin une dernière question qui est peut-être la meilleure réponse à ces interrogations. Pour atteindre le site de la généalogie DARMON, vous avez dû taper sur un clavier les six lettres : D.A.R.M.O.N. Pourquoi l’avez-vous fait ?
Cordialement et familialement
Jacques DARMON
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