Où vivaient les DARMON ?

Les réponses reçues de nos correspondants font apparaître des localisations bien précises pour les familles DARMON aux XIX° et XX° siècles :

Tunisie     Tunis, Mahdia

Algérie     Alger Médéa, Berrouaghia, Boghari, Miliana,   Blida  Constantine  Laghouat  Oran et sa région : Nemours, Perrégaux, Géryville

Mascara, Tiaret   Tlemcen

Maroc

Fès, Oujda

Il semble que l’on puisse rassembler les familles DARMON qui figurent dans ce fichier en quelques grands groupes :

DARMON de TUNISIE

Yaacov ben Itzhak DARMON était au XV° siècle dayane de Mahdia. Il correspondait avec le célèbre Rav Semah ben Salomon Duran d’Alger.

La présence d’un marchand juif nommé Mardochée DARMON est attestée à Tunis en 1682.

Néhoraï DARMON (1682- 1760), né à Tripoli, succéda au Rav Itz’hak Lombroso au poste de Grand Rabbin de la communauté portugaise (livournaise) deTunis. Il fut l’auteur de notes sur le Talmud ( Yeter Habaz). Une partie de ses œuvres fut détruite par des troupes venues d’Algérie en 1752 au moment du pillage du quartier juif. Il appartient probablement à ces familles JARMON, originaires du Djebel Gharian en Tripolitaine, rabbins et lettrés dont une branche s’installe à Tunis vers 1700.

Moïse DARMON, célèbre kabbaliste, fut le Rabbin de la communauté livournaise de Tunis où il mourut en 1741

Joseph DARMON, poète, est l’auteur avec Salomon ZARKA de Rinnah vi Ishuah

Les DARMON de Tunisie, implantés essentiellement dans la région de Tunis, se sont rapidement alliés à des juifs venus d’Italie (ou de France par l’Italie), souvent de Livourne (d’où sans doute la tradition fréquente d’une origine italienne de la famille et l’origine des patronymes   Darmoni ou Darboni). Certains occupent des positions sociales élevées.

Il faut ici citer Lionel LEVY : » Il est constant à Tunis, à côté des DARMON d’origine et de nationalité tunisienne, que d’autres DARMON avaient une situation de premier plan au sein de la communauté livournaise, liés par une stricte endogamie aux familles livournaises de souche ibérique telles que BOCCARA, MEDINA, VALENSI, PROVENZAL, PARIENTE ou romaine comme SPIZZICHINO ou MODIGLIANI ».

 « Il y a peu de familles de Tunis qui n’aient quelque parent à Livourne et réciproquement peu de familles de Livourne qui n’aient quelque parent à Tunis…Si l’on ajoute que la communauté juive de Marseille, depuis le dernier quart du XVIII° siècle, s’est formée sur une base livourno-tunisienne, on constate l’étroitesse des relations et imprégnations sociales qui se sont formées en deux siècles entre Livournais et Tunisiens, non seulement à Tunis mais dans toute la Mediterranée. »

DARMON du MAROC

Le nom de famille DARMON est attesté au Maroc dès la première moitié du XVI° siècle (Eisenbeth citant M.T. p.75). On connait des familles DARMON présentes de 1510 à 1640 dans les enclaves portugaises du Maroc : Safi, Tanger, Alzamor, probablement envoyés (de force?) par Manuel, roi du Portugal. Un commerçant qui tentait d’ouvrir un comptoir de vente aurait été décapité au XVIII° siècle. Hayim DARMON, représentant espagnol à Mazagan, fut exécuté à la suite de fausses accusations ( janvier 1844). Ce meurtre fut une des causes de la guerre hispano-marocaine de 1859-1860.

DARMON d’ALGERIE

En 1831, il y avait environ 25000 juifs en Algérie. A partir de la conquête française, ce nombre augmente rapidement :

1830

15000-25000

1845

18690

1851

21000

1861

28097

1872

34574*

1881

35663

1886

42595

1891

47459

1901

57132

1921

70271

1931

110127

1941

117000**

1954

126000

* naturalisés du Décret Crémieux

**Recensement de Vichy

DARMON d’Alger

Inévitablement, ALGER, ville capitale, a rassemblé de très nombreux membres des familles DARMON à partir du début du XX° siècle venus de Médéa, de Constantine, d‘Oran ou de Tiaret

Année

Population juive d’Alger

1500

5000

1600

8000

1700

10-12000

1800

7000

1818

5000

1838

         6065

1851

7-8000

1881

       5372

1901

         10822

1921

         17053

1931

         23550

1940